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Les émotions dans un roman : comment les faire vivre et les transmettre ?

Une émotion a tout un tas de définitions d’après les dictionnaires. Et c’est même assez dur de constituer une définition soi-même pour expliquer ce qu’est une émotion. Je te laisse faire l’exercice, tu verras que ça n’a rien de simple. Pourtant, si tu écris un roman ou que tu es en train d’en réécrire un, je suis persuadée que tu as vu ce conseil passer partout : « on veut des émotions et des personnages humains ».


Ce conseil est important car il est juste : pour qu’un roman vive dans un autre esprit que le tien, il faut que tes personnages ressentent des émotions afin que leur présence soit cohérente et humanisée (et il faut, par la même occasion, que le lecteur les perçoive aussi).


Mais personne ne nous apprend à les amener dans la narration. Alors dans cet article de blog, tu vas retrouver quelques conseils applicables concernant les émotions dans un roman pour humaniser tes protagonistes et marquer des points auprès de ton lecteur, travaillant ainsi son expérience de lecture.


🧐 Commençons par le commencement.


Femme en noir et blanc qui crie

Il existe trois termes liés aux émotions : émotion, sentiment, sensation.


Une émotion est une expérience intense et spontanée de l’état d’esprit d’un individu lorsqu’il réagit à des stimuli externes ou internes. C’est une réaction psychologique et physique à une situation. Elle peut provoquer des sensations physiques et l’inverse est aussi possible : des sensations physiques peuvent provoquer des émotions.


Un sentiment est une expérience plus durable et complexe issue d’une émotion et influencée par nos pensées, nos croyances, notre passé.


Pour le petit détail fun, sache que « émotion » vient du mot latin « movere » qui veut dire « mouvement », et du préfixe e– « emovere » qui veut dire « hors de ». Intéressant, non ?


💡 Maintenant que les bases sont posées, place aux conseils.


Le premier : Observe tes propres émotions


Tu ne peux pas écrire sur ce que tu ne connais pas toi-même, surtout quand il s’agit de traduire avec des mots une expérience interne et externe propre à l’humain. Cela peut sonner bateau… Tu dois te dire : « Oui mais ce sont mes personnages qui m’intéressent ».


Et tu as raison, sauf que tu ne peux pas faire vivre des protagonistes humains dans ton roman si tu ne t’observes pas toi-même en être un.


Avant de te pencher sur eux, penche-toi sur toi-même avec ces questions :


→ Quelle est l’émotion que je ressens actuellement ? Est-ce que je peux la nommer ? Où est-ce que je la ressens physiquement dans mon corps ? Quelle sensation provoque-t-elle en moi ? Qu’est-ce qui a provoqué cette émotion ? Que s’est-il passé pour qu’elle se manifeste ? 


🕵🏻‍♂️ Le but est de te servir de ta propre expérience d’être humain pour ensuite la calquer à celle de tes personnages. Cela te permettra aussi, sur le long terme, d’apporter de la justesse dans leur représentation au sein de la narration. 


Femme qui regarde à travers des jumelles en noir et blanc

Le deuxième : Observe ensuite les autres


C’est un exercice et conseil que je confie à mes auteur.es depuis mes débuts. Il est marquant et tout sauf barbant à réaliser. 


Amuse-toi à observer les autres : ceux que tu connais, ceux que tu ne connais pas et que tu croises dans le métro, dans le bus, dans le train, dans un supermarché. Essaye de deviner l’émotion qu’ils sont en train de ressentir rien qu’en regardant leur langage corporel. 


Pourquoi c’est efficace ? Parce que le langage corporel représente un peu plus de 80 % de notre communication non verbale lors d’une discussion. Notre corps parle pour nous, à notre place, et ce, de manière tout à fait inconsciente. 


Donc par exemple → est-ce qu’elle te paraît détendue ou tendue ? Comment remarques-tu sa nervosité ? Est-ce qu’elle se ronge les ongles ou joue avec les peaux de ses doigts ? Est-ce qu’elle n’arrête pas de toucher ses cheveux ou la lanière de son sac ? Est-ce qu’elle a la tête penchée en avant, se faisant plus petite ? 


🕵🏻‍♂️ Le but de ces observations est d’être capable de relier une émotion à une sensation physique et à un comportement qui humanisera ensuite la présence du personnage dans la narration. Cela te donne la possibilité d’appuyer l’expérience du lecteur (le fameux show don’t tell dont je parle ci-dessous) et, avec un narrateur dit « interne », cela te permet d’indiquer au lecteur ce que les personnages vont ressentir sans qu’il ait besoin d’avoir accès à leur intériorité. 


Le troisième : Dans la narration, base-toi sur l’expérience plutôt que sur la traduction littérale 


Ce conseil peut contraster avec le premier, quand je t’ai conseillé de nommer les émotions. Mais tu vas vite comprendre pourquoi les nommer n’est qu’une partie de l’iceberg et n’a pas l’effet escompté sur la lecture. 


Et on va s’aider de deux paragraphes inventés pour le bien de cet article : la protagoniste est énervée et frustrée car quelqu’un ne prend pas soin des objets précieux qu’elle vend. 


1️⃣ « Elle était énervée. Observer cette personne vagabonder dans son propre magasin et prendre ces objets sans délicatesse provoquait chez elle un agacement sans pareil. Elle était frustrée de ne rien pouvoir lui dire. »


2️⃣ « Elle sentait son cœur battre un peu plus vite alors qu’elle observait cette personne vagabonder dans son propre magasin et prendre ces objects sans aucune délicatesse. Elle ne pouvait rien faire, même si elle aurait aimé retoucher chaque assiette, chaque bibelot déplacé. Elle n’avait qu’une seule envie : pousser cette inconnue hors de son antre. »


Arrives-tu à faire la différence entre ces deux extraits ? Saurais-tu mettre le doigt dessus ?


Bingo. Dans l’extrait 1, j’ai nommé les émotions telles qu’elles sont. Mais ce n’est pas pour autant qu’elles sont ressenties par le personnage ou par le lecteur : la narration les indique simplement. Le lecteur, en lisant l’extrait 1, n’en fait pas l’expérience.


Tandis que dans l’extrait 2, j’ai ajouté des sensations physiques et des pensées qui peuvent indiquer, selon l’interprétation, les émotions ressenties : la frustration est traduite par ce besoin de replacer tous les objets. L’énervement l’est par le cœur qui bat un peu plus vite. 


C’est ce qu’on appelle le show don’t tell : montre mais ne dis pas. 


Pour utiliser ce concept narratif qui permet une expérience plus immersive et complète, base-toi sur les deux précédents conseils et rappelle-toi d’une chose : nommer ne veut pas dire que le lecteur le ressentira comme tel. C’est une simple indication, pas une expérience. 


Et nous voilà à la fin de cet article. J'espère que tu as apprécie ta lecture. Dis-moi, quel est ton conseil préféré ? Est-ce que tu en as pour les membres de cette communauté ? ↓


 
 
 

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